lundi 7 septembre 2015

La Nuit des Cabornes, l'éxigence à deux pas de Lyon !

Moins d'une semaine après la Foulée Bessenoise je décide de m'aligner sur la Nuit des Cabornes. Deux choix s'imposent à moi, un 25km à bloc car je me connais et je sais que sur courte distance je vais vouloir jouer une place, ou bien un 50km en mode tranquille, sortie longue vraiment en essayant de prendre un maximum de plaisir tout le long sans jouer un chrono. Défi risqué mais je décide de m'aligner sur le 50km et 2500+. J'étais courbaturé toute la semaine à cause de la précédente course. Vendredi matin à mon réveil je sens que musculairement ce n'est pas encore ça, quelques douleurs par ci par là, mais je me dis que ça va le faire !


La journée avant la course est un peu spéciale, un peu à l'image de la SaintéLyon en 201; je n'arrive pas à me dire que je vais courir une petite partie de la nuit. J'essaie de faire une sieste, impossible, je me repose comme je peux. 18h, je commence à me préparer tout doucement, le sac, la boisson, les barres et les gels, le matos obligatoire. Et je m'équipe de deux frontales. 19h accompagné de mon père qui me fera l'assistance nous prenons la route de St Romain au Mont d'Or. J'arrive sur place à 20h, je retire mon dossard, et rejoins mes collègues de boulot. L'ami Romain sera de la partie également pour me faire l'assistance jusqu'à la bifurcation des deux parcours au 17ème kilomètre.

Pas d'échauffement, je me place à l'avant du peloton dans les 100 premiers. Je vais essayer de partir rapidement mais pas trop car apparemment ça bouchonne vite dans les singles. Le départ est retardé de 15 minutes, l'attente est rythmée par un groupe de rock. La nuit tombe petit à petit, l'organisation annonce le top départ. Devant, les fusées partent à plus de 20kmh. Il y a beaucoup de monde sur le bords de la route c'est top !


Le début de course emprunte exactement le même tracé que je fais sans cesse à l'entraînement, je le connais par cœur. Je suis sur un rythme de sortie longue, pour la première fois depuis 2012 je ne pars pas comme un bourrin, les puls ne montent pas au dessus de 160, j'ai une foulée légère, je marche dans les grosses montées, je tourne à 11/12 sur le plat et je temporise en descente, vraiment comme je le voulais, je prends du plaisir sans me soucier de ceux qui me doublent et de la vitesse sur ma montre.

C'est là où je me rends compte que la plupart des coureurs ne savent pas se gérer. Certains dévalent à toute vitesse en descente pour les récupérer dans la montée suivante complètement secs, d'autre tournent à 16kmh sur le plat et tu les retrouves essoufflés comme des porcs dans la montée d'après. Bref je me gère je suis vraiment bien.

KM5 on m'annonce 90éme, je croise Romain et mon père à plusieurs reprises, je me vante auprès de Romain comme quoi je suis vraiment au top de ma forme. Passage au Mont Thou au KM10 on m'annonce 60ème, je grappille des places sans le vouloir et surtout sans forcer. KM12 premier ravitaillement, je ressens une légère faiblesse à la jambe droite comme si elle seule travaillait, la gauche est niquel mais à droite des douleurs musculaires se réveillent. Je m’alimente bien je m’étire légèrement puis je repars toujours aussi serein.

KM16 ma frontale perd lentement mais sûrement en batterie je n'y vois plus grand chose et lors d'une descente mon pied tape une racine, je dévale toute la pente en roulé-boulé pour finir dans les buissons en contre bas. Le gars derrière moi hallucine il me croit mort, il prends de mes nouvelles je lui réponds que ça va; il continue son chemin. Je reste quelques minutes assis sans bouger entrain de me demander si le 50km n'est pas compromis. Mon côté gauche a morflé surtout le genou et la malléole. Je continue en boitant un peu.


KM17 c'est la bifurcation, Romain est là et me dit qu'il serait plus sage de partir sur le 25. Dans ma tête c'est non: je continue sur le 50km en mode débile. Là tout devient calme, plus personne aux alentours, juste ma frontale, ma respiration, et ma foulée qui tape le sol. Je récupère un gars, on fera quelques kilomètres ensemble. Il me dit qu'il est nouveau Lyonnais et qu'il a quitté le Pays Basque, il est impressionné par la technicité de ce terrain proche de Lyon. Il me dépose dans une descente je ne le reverrai plus...

Depuis cette chute au KM16 je me freine beaucoup en descente, je sais que c'est pas bien bon et que musculairement je vais finir par le payer à un moment ou l'autre. De plus je commence à avoir de sérieux échauffements sous les pieds, j'ai du mal serrer mes Hoka. Je manque également cruellement de stabilité du coup sur chaque pierre ou racine je sens mon pied qui bouge à l’intérieur... Ma première frontale n'a vraiment plus de pile, je la range et sors la deuxième, elle éclaire bien niquel : je continue mon chemin.

KM20 je me fais rattraper par la première féminine, on fait un bout de chemin également ensemble, elle court toute les montées vraiment impressionnante (j'apprendrai plus tard qu'elle courait pour Terre de Running). KM23 les échauffements sous les pieds commencent à devenir insupportables, et musculairement je commence à serrer les dents dans chaque descente. Je commence à me poser des questions mentalement.

Je reçois un premier appel de mon père, je lui dis que je commence à avoir des doutes sur la fin de course, il me dit qu'il m'attend au ravito du 29ème kilomètre. Quelques minutes plus tard je reçois un autre appel de ma chérie, je lui dis également que ça va même si ça commence à être dur à cause des pieds. A ce moment là, la première féminine de la course s'arrête et me donne des pansements anti ampoule, je les garde de côté pour les mettre au prochain ravito.


J'arrive tant bien que mal au KM29 ma décision est prise je rends ma puce, je ne prends plus aucun plaisir et je ne veux surtout pas forcer et retomber dans la blessure. Le soucis est que je ne vois pas mon père, et le ravito est perdu au milieu de la forêt : il n'a pas dû arriver à venir... Les bénévoles m'encouragent à continuer, ils me motivent comme ils peuvent, et forcement je me sent obligé de repartir vu qu'il n'y a aucun moyen d'abandonner à cet endroit. Je rappelle mon père, il m'annonce qu'il m'attend au KM43. Impossible pour moi d'aller là bas, de plus ma deuxième lampe frontale clignote rouge, ce qui veux dire que dans moins d'une heure je n'aurai plus aucune lampe qui fonctionne...

KM30 à un croisement, je m'arrête auprès de deux bénévoles, il se trouve que je tombe sur l'ami Richard et Stéphane. Ils m'indiquent que je dois sortir du parcours et descendre à Chasselay qui se trouve 500m plus bas. Je retéléphone à mon père, il passera me prendre là bas. Arrêt de course au 30ème kilomètre et 1500md+ en 3h30. Je retourne à Saint Romain pour annoncer mon abandon et rendre ma puce.

Je suis loin d'être déçu, j'ai simplement visé un peu haut pour une reprise, avec peu d'entrainement à pied. Maintenant je sais ce qu'il me reste à faire pour la SaintéLyon. Point positif, j'ai eu d'excellentes sensations sur les 20 premiers kilomètres et le genou est OK donc cela n'annonce que du bon pour la suite. Je tiens à remercier tous les bénévoles présents sur le parcours à se cailler les miches, ainsi qu'aux photographes. Tracé très exigeant, c'est beau, on en redemande, continuez, félicitation à tous les finisher. Merci également à mon père et Romain pour les photos et encouragements au top !